Afin de sortir grandis et satisfaits de cette transition politique, les Nigériens doivent éviter de tomber dans certains pièges.
Par exemple, certains Nigériens réclament purement et simplement de disqualifier les anciens leaders politiques (c.-à-d. ceux qui ont exercé le pouvoir depuis ou avant la conférence nationale) de la course au pouvoir. Et ce, au motif que ces derniers n’ont pas su apporter des réponses efficaces au problème de développement du Niger.
Quand on sait les frustrations accumulées par les jeunes générations devant l’échec de leurs aînés, cette vision est compréhensible voire justifiable.
Nous ne remettons pas en cause le constat selon lequel l’ancienne classe politique a failli, c’est une réalité. Mais regardons dans le fonds les enjeux de cette idée :
Ainsi, à notre avis, la mesure et la raison voudraient plutôt que l’on envisage un renouvellement de la classe politique graduel, à partir de maintenant, mais qui sera effectif dans le moyen et long terme. Et cela, plutôt par une « disqualification » de fait, sur le terrain de la communication politique et de la campagne électorale. Démocratiquement, sans « coup de force » brusque et sans « tourmentes».
Le résultat de cette approche sera plus enraciné et plus efficace dans le long terme. Il viendra d’un effort de conscientisation des populations sur les échecs des anciennes politiques (corruption, médiocrité des programmes politiques…) et sur les vrais enjeux de développement. Il passera aussi par une éducation véritable des populations en matière électorale et de démocratie, qui prémunirait des anciennes pratiques (achat de vote, vote sur critère de clan, vote sans connaissance des programmes électoraux, élus non redevables de comptes aux électeurs).
Une telle approche, on le voit, sera plus pédagogique et plus durable. Elle implique une mobilisation de la jeunesse, dès maintenant, sur le terrain politique et, surtout, que cette jeunesse soit porteuse de véritables changements de vision, d’éthique et d’innovation politiques.
Moratoire sur les poursuites judiciaires.
Dans la même logique, les poursuites anti-corruption engagées par Tanja doivent être bien démêlées entre ce qui relève de la politique politicienne et ce qui est fondé. Dans tous les cas, il ne revient ni au CSRD ni aux institutions de la transition de traiter ces sujets. Il revient à l’institution judiciaire de faire la part des choses et d’engager les actions qui s’imposent contre tous ceux qui sont coupables de corruption ou de détournement de deniers publics. Nous proposons qu’un moratoire soit mis sur les poursuites durant la transition et que la justice reprenne son cours une fois des institutions démocratiques, crédibles et stables établies.
Durant la période de transition, toute autre source de dérapage doit être évitée pour privilégier une vision consolidée de paix et de développement socio-politique et économique. Nous espérons fort que ces idées recevront l’audition attentive et la compréhension objective de tous les Nigériens, notamment le CSRD, les politiques et tous les acteurs réfléchissant à la sortie de crise. Nous espérons que par l’échange constructif les Nigériens arriveront à sortir de cette crise.