Le 26 Juin 2015, le Président nigérien a procédé au lancement de la construction du 3ème échangeur de la ville de Niamey et a par la même occasion confirmé le projet d’un 4ème échangeur au niveau du Rond-point des Armés toujours à Niamey. Ces échangeurs, dont le premier situé au niveau du rond-point Mali Béro a été inauguré le 17 septembre 2013, rentrent dans le cadre du programme "Niamey Nyala", ou Niamey la coquette en Français, qui vise, selon le Président de la République, à faire de Niamey la capitale dont « les Nigériens ont toujours rêvé »[1].
Des voix se sont élevées au Niger pour dénoncer les investissements faits dans ces échangeurs qui seraient en décalage avec les priorités des populations[2].
Les arguments avancés pour justifier la construction de ces échangeurs sont principalement de décongestionner le trafic urbain dans le centre-ville, irriguer et desservir les nouveaux quartiers tout en améliorant l’esthétique de la ville. Ces arguments sont certes louables lorsque l’on prend en compte les embouteillages de plus en plus fréquents et longs dans la ville de Niamey qui voit son parc automobile croître de manière fulgurante. Par exemple, le projet de l’échangeur Diori Hamani se propose de réduire le délai de traversée du Boulevard de l'Indépendance de 20 à 5 minutes et de sécuriser les usagers et les riverains de la zone de Katako[3]. Pour qui a déjà conduit sur cette route, il n’a probablement pas gardé de bon souvenir entre le temps passé dans l’embouteillage, les nids de poule, la foule, les brouettes, les étalages qui débordent sur les voies et le manque de parking. Les clients en viennent à réduire au minimum leur venue au marché de Katako. Décongestionner et rendre attractive cette zone commerciale est donc une réelle priorité. Du point de vue de l’utilité perçue, il est difficile d’en dire autant pour l’échangeur Mali Béro. D’autre part, il faut aussi reconnaître que les échangeurs sont à la mode depuis près d’une décennie dans les pays de la sous-région. Bamako, Ouagadougou, Cotonou, Lomé, Abidjan, Dakar, N’Djamena[4], toutes se sont lancées dans une course à l’embellissement. Seule Niamey était en reste.
Mais est-ce que construire des échangeurs constitue la façon optimale de résoudre ces problèmes de trafic et d’embellissement de la ville de Niamey ? Cette question mérite d’être posée malgré la nervosité que manifestent les autorités nigériennes à l’égard de toute remise en cause de la pertinence de leurs actions. Les 3 premiers échangeurs sont soit achevés ou en cours de construction et donc il n’y a pas de retour arrière possible. Mais le débat est utile pour que soient mieux orientés les prochains projets du gouvernement et, en général, l’utilisation optimale de nos ressources limitées pour obtenir les impacts de développement que nous visons tous.
Alors, est-ce que construire des échangeurs est la meilleure façon de résoudre les problèmes de transport et de voirie de la ville dans un souci d’optimisation de nos ressources?