Comment atteindre l'indépendance énergétique?

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Pour assurer son indépendance énergétique, l’Afrique de l’Ouest doit avoir une politique énergétique commune. Comme nous l’avons démontré dans une précédente étude, l'Afrique de l’Ouest doit inscrire son avenir à long terme dans le cadre d’un ensemble politique unifié que nous avons appelé République Fédérale d’Afrique de l’Ouest. Dans cette logique  la politique énergétique commune doit reposer sur un certain nombre de points :

 

* l’identification et le recensement de toutes les sources d’énergie dont dispose la communauté

* la mutualisation des compétences techniques pour la production et l’exploitation de ces ressources énergétiques

* l’arbitrage de l’emplacement des centres de recherche et de production énergétiques en fonction de critères objectifs

* le financement par les banques ouest africaines et africaines des projets de recherche et de production énergétique

* la distribution équitable, en fonction des besoins, de l’énergie dans toute la zone.

 

Avant la mise en place d’une telle politique de développement énergétique, il faut un cadre de travail et l’investissement de tous les Etats dans la réussite du projet.

Le cadre de travail, pourrait être la future République Ouest Africaine (RFAO) comme rappelé plus haut.

Cette entité politique est nécessaire pour lier le destin des différents Etats de la CEDEAO, de manière à ce que chaque Etat sache qu’il peut compter sur les autres pour s’approvisionner dans un produit dont il ne dispose pas.

Un tel ensemble, s’il arrive à se construire, aura un important poids économique et politique qui fera la fierté des Etats membres.

Une fois le cadre établi, les projets de développements de l’énergie, du transport, des télécommunications etc. pourront plus facilement se réaliser.

Ainsi, l'indépendance énergétique et la sécurisation des approvisionnements de l'Afrique de l'Ouest passe d'abord par le recensement du potentiel énergétique des différents Etats membres. Cette approche va permettre non seulement de diversifier les sources de production d’énergie mais surtout de créer des pôles de compétitivité et d’arbitrer le pays ou l’espace où sera produite telle ou telle énergie. Il n’est pas nécessaire que chaque Etat de la communauté soit un pôle de compétitivité dans un secteur donné. Les échanges inter-Etats devront permettre à tous de subvenir à leurs besoins.

Nous pouvons proposer les pôles de compétitivité suivants :

 

1)      Energie solaire : 

L’espace de compétitivité sera les régions désertiques du Mali et du Niger.

Il faudra réhabiliter le CRES de Bamako, le rattacher à l’université de Bamako et en faire un centre d’excellence dans la recherche en énergie solaire. Cela passe par l’encouragement de la jeunesse ouest africaine à s’orienter dans cette voie.

 

2)      Biocarburants :

La culture du Jatropha curas pourra se faire dans les zones semi-arides de l’Afrique de l’ouest, notamment au mali, au Burkina Faso et au Niger.  Au Niger par exemple, l’ICRISAT et l’université Abdou Moumouni conduisent déjà des expérimentations sur cette culture. L’originalité du projet de l’université de Niamey en terme de financement, est la signature d’une convention de financement avec des entreprises (SONIDEP, Nigelec), ce qui supplée efficacement au traditionnel et limitant budget gouvernemental. Le but n’est pas de remplacer l’importation de gasoil mais de soulager cette importation. La création d’un centre de recherche régional en biocarburant permettrait de développer plus efficacement ce secteur.

 

3)      Energie hydraulique :

L’Afrique de l’Ouest est parcourue par 2 grands fleuves : le Niger long de 4200 km et le Sénégal long de 1790 km. Le potentiel hydraulique du Fouta Jalon, où le Niger et le Sénégal prennent leur source, doit être exploité pour produire de l’électricité.

Par ailleurs, partout où la construction d’un barrage hydroélectrique n’aura pas d’impact négatif  sur les populations en aval du fleuve, cela doit  être encouragé et financé.

 

4)      Pétrole et gaz naturel :

Le Nigéria et la Côte d’Ivoire sont les producteurs actuels de pétrole et de Gaz. A ces Etats s’ajoutent d’autres Etats comme le Ghana, le Niger ou le Sénégal qui comptent produire très bientôt du pétrole.

Ces pays pourront et doivent assurer la production et le ravitaillement de toute la communauté en pétrole comme en gaz naturel.

Un projet de gazoduc ouest-africain, le West African Gas Pipeline Project (WAPP) élaboré par la CEDEAO est déjà en cours d’études. Le gazoduc devra ravitailler le Benin, le Togo et le Ghana à partir du Nigéria (Voir schéma ci-dessous).

 

Gazoduc Ouest Africain

 

5)      Nucléaire :

Le nucléaire est une énergie pas comme les autres. La production d’énergie nucléaire nécessite en plus des moyens financiers colossaux nécessaires à sa mise en place et du savoir faire inhérent à tout domaine,  un environnement sécuritaire ; un pays où il n’y a pas de risque de sabotage des installations nucléaires ou de détournement de l’énergie nucléaire à des fins belliqueuses.

Lorsqu’on cherche ce pays, capable d’accueillir des installations nucléaires, parmi les Etats ouest-africains, on trouve une liste assez restreinte : le Ghana, le Bénin et le Sénégal.

A l’heure actuelle, seuls ces 3 pays nous semblent en mesure d’offrir un cadre acceptable pour la production d’énergie nucléaire. Mais aucun de ces pays ne dispose des moyens humains, à savoir les compétences scientifiques nécessaires à l’élaboration d’un tel projet.

Cependant lorsqu’on envisage la question à l’échelle de l’ensemble de 270 millions d’habitants qu’est l’Afrique de l’Ouest, il est légitime de maintenir une option nucléaire communautaire pour le long terme.

Au-delà de l’aspect économique d’un tel investissement, il y a la maitrise de la technologie nucléaire qui est un choix stratégique dont un grand ensemble politique ne peut pas se priver.

 

En conclusion, nous pouvons dire que le potentiel énergétique de l’Afrique de l’Ouest permet à cette zone d’être indépendante en énergie. Et ce constat ne date pas d’aujourd’hui. L’Afrique de l’Ouest sait depuis plus de 40 ans, qu’elle peut produire suffisamment d’énergie si elle se donne les moyens scientifiques, financiers et surtout politiques. Elle sait également que son salut se trouve dans la mutualisation des moyens. Et pour qu’un pays accepte de mutualiser ses ressources avec les autres, il faut de la confiance.

Cette confiance ne peut être obtenue que par le politique. C’est pourquoi, la volonté politique est de loin la première ressource dont l’Afrique de l’Ouest a besoin. En effet, le politique peut influencer le financier et motiver le scientifique.

Les tentatives de projets à l’échelle régionale ont rencontré des difficultés dans le passé parce que le sentiment nationaliste prédominait sur l’esprit régional.

Aujourd’hui, avec toutes les réalisations en matière d’intégration ouest-africaine, il sera plus facile de développer une politique de développement commune à toute l’Afrique de l’Ouest.

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