L'indépendance énergétique: un vieux rêve!

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Dès le début des années 1960, des scientifiques ouest africains avaient su anticiper que pour disposer de suffisamment d’énergie, il faut, dans la mesure du possible, la produire soi-même et surtout la produire à partir de sources renouvelables. C’est pourquoi, ces derniers voulaient exploiter le potentiel d’énergie solaire de leurs pays, qui figurent parmi les plus ensoleillés au monde. À titre d’exemple, la région d’Agadem, dans le désert nigérien est le deuxième endroit le plus ensoleillé au monde, derrière l’île de Kiribati dans le pacifique (4). Ainsi, des recherches étaient effectuées sur la production d’énergie à partir du soleil au Niger, au Burkina Faso, au Mali et au Sénégal. Des centres de recherche comme l’ONERSOL (Office National de l’Energie Solaire) créé en 1965 au Niger, L’IPM Henri Masson  (Institut de Physique Météorologique) au Sénégal, le CRES (Centre Régional d’Energie Solaire) au Mali ont accueilli d’éminents chercheurs africains, précurseurs dans le développement des énergies renouvelables (5).

Après quelques réalisations comme le chauffe-eau ou la cuisinière solaires, la recherche et la production d’énergie solaire ont commencé à manquer de moyens financiers.

Ainsi, d’Agadem (Niger) à Tambacounda (Sénégal) en passant par Kayes (Mali), le soleil est aujourd’hui très peu exploité. La recherche stagne si elle n’est inexistante : le CRES de Bamako a fermé ses portes et l’ONERSOL entre temps devenu CNES (Centre National d’Energie Solaire) n’est que l’ombre de lui-même.

L’IPM de Dakar a  du s’ouvrir à de nouveaux horizons. Il a été remplacé par le Centre d’Etudes et de Recherches sur les Energies Renouvelables (CERER) pour couvrir un spectre plus large

Au Burkina-Faso, des expérimentations scientifiques ont été conduites sur Jatropha curcas, plante utilisée aujourd’hui pour la production d’agrocarburant. Ces travaux ont commencé  depuis 1985, bien avant que cette espèce ne devienne très médiatisée.

Parmi les travaux plus récents figurent ceux du docteur Makido Ouédraogo qui a soutenu une thèse analysant la physiologie et la biologie de cette espèce (6).

Le Jatropha curcas, appelé également Pourghère, est une plante rustique et très résistante à la sécheresse ; une pluviométrie de 400 mm par an lui suffit (7).

Des éléments permettant la valorisation de cette plante comme source d’énergie ont été mis en évidence, même si des programmes d’exploitation à grande échelle n’ont pas vite suivis.

Ainsi, le projet de production de biocarburant au Burkina Faso, n’a pu démarrer qu’en 2007 avec la mise en valeur de quelque 2750 hectares pour la culture du Jatropha  par la société Agritech, créée pour la production et la commercialisation de biocarburant à base de Jatropha (7). La première production valorisable de biocarburant issu du Jatropha est attendue pour 2011.

Il serait difficile à l’heure actuelle d’assurer une couverture totale des besoins énergétiques de l’Afrique de l’Ouest uniquement par ces énergies (solaire, agrocarburant). Une intensification brusque de la culture de Jatropha, par exemple, perturberait le système agricole actuel sur le plan écologique et socio-économique. Il n’en demeure pas moins qu’une production raisonnée (au sens de l’agriculture raisonnée) suppléerait en partie à l’importation par les Burkinabais de  9000 barils de pétrole tous les jours ! Une exploitation des énergies solaire et éolienne dans les pays les mieux dotés par exemple, permettrait également d’assurer une couverture et une sécurité énergétique plus fortes.

Pour passer de la phase expérimentale d’une découverte à la phase de production industrielle, il faut d’importantes ressources financières.

Les projets de production de biocarburant à partir du Jatropha et de production l’électricité solaire n’ont pu se concrétiser faute de moyens financiers et de volonté politique.

Si le projet Agritech a pu finalement mobiliser les ressources financières nécessaires à son lancement en 2007, c’est grâce à la prise de conscience de l’épuisement accéléré du pétrole et des problèmes environnementaux liés à l’utilisation des sources d’énergies fossiles.

Ainsi, ce qui n’était pas financièrement intéressent en 1985, le devient aujourd’hui avec un baril de pétrole qui atteint des sommets.

Pour ce qui est de l’électricité solaire, les centres de recherches ouest-africains n’ont toujours pas les moyens financiers et n’ont même plus les compétences scientifiques qu’ils avaient, il y a 40 ans. Le CRES de Bamako créé pour mutualiser les compétences régionales en matière d’énergie solaire et qui avait pour mission la maitrise de la technique de capture des photocellules et la production de photopiles  pour toute la communauté ouest-africaine n’a pas pu honorer sa mission faute de volonté politique. En effet, la Côte d’Ivoire qui avait les moyens de financer le projet, à l’époque, semblait avoir d’autres priorités (8).

Le Nigéria exporte de l’énergie mais le Nigéria manque d’énergie !

L’électricité à travers les réseaux de distributions classiques est une denrée rare au Nigeria. Il est impossible, dans la plupart des grandes villes nigérianes, d’avoir 2 heures de service sans délestage, de telle sorte que les populations s’organisent pour s’assurer la continuité du service.

Ci-dessous les pays de l’Afrique subsaharienne affectés par de graves pénuries d’électricité en 2007

 

Les coupures d'électricité de 2007

Source : (2)

 

 

Ce déficit de production électrique serait, d’après la population locale, voulu et entretenu par les lobbies du pétrole qui contrôlent la distribution des produits pétroliers et en particulier le gasoil utilisé pour faire tourner les générateurs électriques.

Aussi, le marché des générateurs électriques est une affaire très juteuse dont les vendeurs ne veulent pas se priver.

Par ailleurs, pour ce qui est des hydrocarbures, le Nigeria, avec ses 2 millions de barils de pétrole produits par jour, est largement excédentaire (9).

Cependant, les sabotages orchestrés par les groupes rebelles de l’Etat du Delta lui font perdre une grande partie de sa production. C’est pourquoi, conscient du manque à gagner causé par ces actions ce sabotage, le Gouvernement Fédéral du Nigéria, a accepté de négocier avec les rebelles dont le groupe le plus connu est le MEND (Movement of Emancipation of Niger Delta). Une offre d’amnistie aux rebelles a été signée le 25 juin 2009 (10).

 

Ces éléments d’analyse sur les problèmes actuels du secteur énergétiques étant mis e en évidence, nous pouvons mieux réfléchir sur la manière de contourner les obstacles.

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