La structure des exportations du Niger (3/3)

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Les produits de l’élevage, selon les années, disputent à l’or le second poste d’exportation après l’uranium. En 2008 ils constituent 24% des exportations pour une valeur de 75,1 Milliards de F CFA. Cette catégorie est constituée à près de 99% de bétail sur pied. Le reste est principalement des cuirs et peaux. Le manque de valeur ajoutée est plus que flagrant ici. Nous ne sommes même pas capable d’égorger nos animaux pour en vendre la viande ou des produits à base de viande ni même de développer l’exportation de produits à base de cuirs et peaux ! S’il est vrai que nos clients (Nigéria, Ghana, Côte d’Ivoire…) demandent principalement des animaux sur pied pour la fête de la Tabaski ou d’autres cérémonies et rituels, cela ne nous dédouane pas de chercher à développer des filières plus porteuses de produits finis à base de viande.

 

Les produits de l’agriculture viennent généralement après les produits de l’élevage et l’or en 4ème position. Néanmoins, en 2008, ils représentent en valeur 18,1 Milliards de F CFA soit 6% des exportations. Comme pour les produits d’élevage, les produits agricoles sont vendus bruts sans transformation pouvant  assurer plus de valeur ajoutée. On peut aussi déplorer un fort taux de perte lié à la non maîtrise de la conservation et du stockage des produits. Il s’agit principalement de l’oignon, du niébé et du souchet. Pour le cas de ce dernier, on peut même noter qu’il est transformé en Espagne pour nous revenir (nous l’importons) après sous forme de breuvage fini « Laitaya »1.  

 

Il est important de noter que les statistiques sur les exportations des produits de l’agriculture et de l’élevage sont en deçà des flux réels. En effet, une bonne partie de ces échanges s’effectue de manière informelle et échappe ainsi à l’Etat comme en dénote les écarts considérables des chiffres selon les sources statistiques. A titre d’exemple, en 2006 l’INS-Niger estime les exportations de l’oignon à 11,7 milliards de F CFA tandis que la BCEAO qui y ajoute un ajustement pour prendre en compte le commerce informel aboutit à 37,7 milliards de F CFA2 ! Cela laisse soupçonner une plus grande importance de ces produits dans nos exportations et exacerbe encore plus le besoin pour le gouvernement d’avoir une stratégie claire du développement et de la formalisation de ce commerce.

 

Les produits de l’agriculture et de l’élevage ont en commun leur très forte dépendance aux aléas climatiques. Les années de ‘vache maigre’, les ressources d’exportation générées par ces produits chutent. Les aménagements hydro agricoles qui réduisent la dépendance de la production de l’oignon à ces aléas constituent un atout à préserver et à développer. Néanmoins l’enjeu majeur à notre sens c’est de favoriser l’émergence d’une industrie agro-alimentaire apte à mettre sur le marché des produits à grande valeur ajoutée et ainsi à encourager l’émergence de gros producteurs privés par le regroupement des paysans.

 

La dernière catégorie des produits d’exportation regroupe tout ce qui n’est pas classé dans les catégories précédentes. On peut y distinguer les produits artisanaux. Cette catégorie compte pour 2% dans les exportations du Niger en 2008. Là aussi on peut se plaindre de la faible promotion de nos produits artisanaux qui rapportent très peu au pays, 85 millions de F CFA en 20083. Ce chiffre nous parait fortement sous estimé mais traduit tout au moins que l’Etat tire très peu profit de ce secteur. Il faut néanmoins encourager des initiatives comme le FIMA (Festival International de la Mode Africaine) et le SAFEM (Salon international de l’artisanat pour la femme) qui de part leur portée internationale et la richesse des échanges qu’ils suscitent constituent  des tribunes de  créativité et de promotion pour nos produits artisanaux.

  • 1. Voir l’étude diagnostique pour l’intégration commerciale (EDIC) du Niger ici.
  • 2. Étude diagnostique pour l’intégration commerciale (EDIC) du Niger : point 2.7
  • 3. INS Niger, ‘Statistiques du commerce extérieur 2004-2008’ : voir Tableau 2.2 p20

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